On suppose, dans un premier temps, que \(g_i=a_i\) pour toutes les valeurs propres et que la somme de ces multiplicités donne \(n\text{.}\) Pour chaque valeur propre, il existe une base \(\mathcal{B}_i=\langle \vec{v}_{i,1}\vec{v}_{i,2}\ldots \vec{v}_{i,g_i} \rangle\) de \(g_i\) vecteurs propres indépendants. On considère l’ensemble \(\mathcal{B}=\mathcal{B}_1\cup \mathcal{B}_2\cup\cdots \cup \mathcal{B}_k\text{.}\) Cet ensemble contient \(g_1+g_2+\cdot +g_k=n\) vecteurs propres.
On suppose qu’on a une combinaison linéaire de tous ces vecteurs qui donne le vecteur nul. On peut écrire cette combinaison de la manière suivante:
\begin{align*}
\vec{0}&=a_{1,1}\vec{v}_{1,1}+a_{1,2}\vec{v}_{1,2}+\cdots a_{1,g_1}\vec{v}_{1,g_1}\\
&\phantom{=}+a_{2,1}\vec{v}_{2,1}+a_{2,2}\vec{v}_{2,2}+\cdots a_{2,g_1}\vec{v}_{2,g_2}\\
&\phantom{=}+a_{3,1}\vec{v}_{3,1}+a_{3,2}\vec{v}_{3,2}+\cdots a_{3,g_1}\vec{v}_{3,g_3}\\
& \phantom{=} \phantom{a_{3,1}\vec{v}_{3,1}}\vdots\\
&\phantom{=}+a_{k,1}\vec{v}_{k,1}+a_{k,2}\vec{v}_{k,2}+\cdots a_{k,g_1}\vec{v}_{k,g_k}\text{.}
\end{align*}
Pour chaque \(1\leq i\leq k\text{,}\) on pose
\begin{equation*}
\vec{u}_i=a_{i,1}\vec{v}_{i,1}+a_{i,2}\vec{v}_{i,2}+\cdots a_{i,g_1}\vec{v}_{i,g_i}\text{.}
\end{equation*}
Chacun de ces vecteurs appartient à l’espace propre de \(\lambda_i\text{.}\) La combinaison linéaire des vecteurs dans \(\mathcal{B}\) devient donc
\begin{equation*}
\vec{u}+1+\vec{u}_2+\cdots \vec{u}_k=\vec{0}\text{.}
\end{equation*}
En vertu du lemme
6.2.20, on doit avoir
\(\vec{u}_i=\vec{0}\) pour tous les
\(i\text{.}\) Ceci entraine à son tour que tous les coefficients
\(a_{i,1},a_{i,2},\ldots , a_{i,g_i}\) sont nuls car les vecteurs
\(\vec{v}_{i,1}\vec{v}_{i,2}\ldots \vec{v}_{i,g_i}\) forment une base. Ainsi, l’ensemble
\(\mathcal{B}\) est indépendant et, puisqu’il est composé de
\(n\) vecteurs dans un espace de dimension
\(n\text{,}\) il forme une base. En posant
\(P\) la matrice contenant ces vecteurs dans ses colonnes et
\(D\) la matrice des valeurs propres associées, dans le même ordre d’apparition que les vecteurs dans
\(P\text{,}\) on a bel et bien
\begin{equation*}
AP=PD\text{.}
\end{equation*}
Ainsi, \(A=PDP^{-1}\) est diagonalisable.
Dans un deuxième temps, on suppose que \(A\) est diagonalisable. On veut montrer que les multiplicités géométriques et algébriques concordent et somment à \(1\text{.}\)
Soit
\(\mathcal{B}\text{,}\) une base de vecteurs propres pour l’espace vectoriel. On note
\(\mathcal{B}_i=\mathcal{B}\cap Ep(\lambda_i)\) l’intersection de cette base avec l’espace propre associé à
\(\lambda_i\text{.}\) Soit
\(n_i\text{,}\) le nombre de vecteurs dans
\(\mathcal{B}_i\text{.}\) On a alors
\(n_i\leq g_i\) puisque
\(Ep(\lambda_i)\) est de dimension
\(g_i\) et que les vecteurs dans
\(\mathcal{B}\) sont indépendants (on ne peut avoir plus de vecteurs indépendants que la dimension du sous-espace, selon la proposition
5.2.26). De plus, selon le lemme
6.2.19, on a
\(g_i\leq m_i\text{.}\) Comme il y a
\(n\) vecteurs dans
\(\mathcal{B}\) et que
\(A\) est diagonalisable, il faut que
\(n_1+n_2+\cdots n_k=n\text{.}\) De même, on peut écrire le polynôme caractéristique de
\(A\) comme
\begin{equation*}
\text{det}(A-\lambda I)=(\lambda_1-\lambda)^{m_1}(\lambda_2-\lambda)^{m_2}\cdots(\lambda_k-\lambda)^{m_k}\text{.}
\end{equation*}
De plus, comme ce polynôme doit être de degré \(n\text{,}\) on obtient que \(m_1+m_2+\cdots m_k=n\text{.}\) En combinant le tout, on a
\begin{align*}
n&\leq n_1+n_2+\cdots n_k\\
&\leq g_1+g_2+\cdots g_k\\
&=\leq m_1+m_2+\cdots m_k\\
&\leq n\text{.}
\end{align*}
Ainsi, \(n_1+n_2+\cdots n_k=g_1+g_2+\cdots g_k=m_1+m_2+\cdots m_k=n\text{.}\) En particulier, on a
\begin{equation*}
(a_1-g_1)+(a_2-g_2)+\cdots (a_k-g_k)=0
\end{equation*}
et comme chacun de ces termes est plus grand que \(0\text{,}\) on conclut que \(a_i=g_i\) pour tout \(1\leq i\leq k\) et que les multiplicités concordent.
*Bruit de soupir*