Cet exemple est particulier puisque c’est la première apparition d’opérations non usuelles. Puisque tous les nombres sont réels, \(\mathbb{R^2}\) est fermé sous les opérations d’addition et de multiplication par un scalaire. En effet, \((u_1+v_1+1,u_2+v_2-1)\in\mathbb{R}^2\text{,}\) puisque \(u_1+v_1+1,u_2+v_2-1\in \mathbb{R}\text{.}\) De même, \((ru_1+(r-1),ru_2-(r-1))\in\mathbb{R}^2\text{,}\) puisque \(ru_1+(r-1),ru_2-(r-1)\in \mathbb{R}\text{.}\)
Pour les autres propriétés, on doit vérifier. On commence avec la commutativité.
\begin{align*}
\vec{u}\oplus \vec{v}&=(u_1+v_1+1,u_2+v_2-1)\\
&=(v_1+u_1+1,v_2+u_2-1)&\text{commutativité de l'addition réelle}\\
&=\vec{v}\oplus \vec{v}\text{.}
\end{align*}
Pour l’associativité:
\begin{align*}
\vec{u}\oplus (\vec{v}\oplus \vec{w})&=(u_1,u_2)\oplus (v_1+w_1+1,v_2+w_2-1) &\text{définition de l'addition spéciale}\\
&=(u_1+(v_1+w_1+1)+1,u_2+(v_2+w_2-1)-1)&\text{définition de l'addition spéciale}\\
&=((u_1+v_1+1)+w_1+1,(u_2+v_2-1)+w_2-1)&\text{associativité de l'addition usuelle}\\
&=(u_1+v_1+1,u_2+v_2+1)\oplus (w_1,w_2)&\text{définition de l'addition spéciale}\\
&=(\vec{u}\oplus \vec{v})\oplus \vec{w}&\text{définition de l'addition spéciale}\text{.}
\end{align*}
Les choses se compliquent un peu lorsqu’on arrive à la propriété du neutre additif. Si l’on essaie naïvement d’additionner le vecteur\((0,0)\) au vecteur \(\vec{u}\text{,}\) on obtient
\begin{equation*}
(u_1,u_2)\oplus(0,0)=(u_1+0+1,u_2+0-1)\neq(u_1,u_2)\text{.}
\end{equation*}
Cela ne veut toutefois pas dire que la propriété n’est pas respectée. Celle-ci dit qu’il doit exister un vecteur qui ne change rien lors de l’addition, et non pas que ce vecteur doit être \((0,0)\text{.}\) En observant la structure de l’opération \(\oplus\text{,}\) on voit qu’il faut être en mesure d’annuler les contributions du \(+1\) dans la première composante et \(-1\) dans la seconde. On essaie alors avec le vecteur \((-1,1)\text{:}\)
\begin{equation*}
(u_1,u_2)\oplus(-1,1)=(u_1-1+1,u_2+1-1)=(u_1,u_2)\text{.}
\end{equation*}
Ainsi, dans cet espace, on a \(\vec{0}=(-1,1)\text{.}\)
Pour l’existence d’un inverse additif, il faut se rappeler, dans un premier temps, que l’on cherche à obtenir le vecteur nul de cet espace, soit \((-1,1)\text{.}\) Ainsi, si l’on essaie \(-\vec{u}=(-u_1,-u_2)\text{,}\) on aura
\begin{equation*}
(u_1,u_2)\oplus(-u_1,-u_2)=(u_1-u_1+1,u_2-u_2-1)\neq(-1,1)\text{.}
\end{equation*}
Il faut donc repenser encore à l’opération pour trouver le bon inverse. On doit annuler la contribution du vecteur \(\vec{u}\) et modifier la constante ajoutée afin qu’elle donne \(-1\) à la première composante et \(1\) à la seconde. En posant \(-\vec{u}=(-u_1-2,-u2+2)\text{,}\) on aura
\begin{align*}
\vec{u}\oplus -\vec{u}&=(u_1,u_2)\oplus(-u_1-2,-u_2+2)\\
&=(u_1+(-u_1-2)+1,u_2+(-u_2+2)-1)&\text{définition de l'addition spéciale}\\
&=(u_1-u_1-2+1,u_2-u_2+2-1)\\
&=(-1,1)\\
&=\vec{0}&\text{vecteur nul de cet espace}\text{.}
\end{align*}
On termine avec la distributivité de la multiplication par le scalaire sur l’addition. Les propriétés restantes seront faites à l’exercice [provisional cross-reference: exo-propR2speciale]
. Donc, pour \(\vec{u},\vec{v}\in\mathbb{R}^2\) et \(r\in \mathbb{R}\text{,}\) on a
\begin{align*}
r\otimes(\vec{u}\oplus \vec{v})&r\otimes (u_1+v_1+1,u_2+v_2-1)\\
&=(r(u_1+v_1+1)+(r-1),r(u_1+v_2-1)-(r-1))\\
&=(ru_1+rv_1+r+r-1,ru_1+ru_2-r-r+1)\\
&=(ru_1+rv_1+2r-1,ru_1+ru_2-2r+1)\text{.}
\end{align*}
À ce stade-ci, il semble complexe de voir comment se rendre à l’objectif \(r\otimes\vec{u}\oplus r\otimes\vec{v}\text{.}\) Une stratégie courante dans ce cas consiste à commencer avec l’autre côté et de développer. On obtient
\begin{align*}
r\otimes\vec{u}\oplus r\otimes\vec{v}&(ru_1+(r-1),ru_2-(r-1))\oplus(rv_1+(r-1),rv_2-(r-1))\\
&=(ru_1+(r-1)+rv_1+(r-1)+1,ru_2-(r-1)+rv_2-(r-1)-1)\\
&=(ru_1+rv_1+2r-1,ru_2+rv_2-2r+1)\text{.}
\end{align*}
Comme cette dernière ligne est égale à la dernière ligne du développement précédent, on conclut que \(r\otimes(\vec{u}\oplus \vec{v})=r\otimes\vec{u}\oplus r\otimes\vec{v}\text{.}\)